Importée d’Inde à la fin des années 1970, en plein essor aujourd’hui, la notion de lâcher-prise va à l’encontre de nos diktats de performance. Mieux la comprendre, c’est aborder chaque moment de la vie avec davantage de souplesse. Par Pascale Senk (Psychologies, février 2005)
Renoncer à la toute-puissance
Pour la psychanalyse – qui, dans sa théorie, ignore ce terme et parle plutôt de renoncement –, lâcher prise n’est d’ailleurs pas accessible à tout le monde. « Celui qui n’a pas un espace interne suffisamment construit, explique Nelly Jolivet, psychanalyste, celui qui, pour des raisons liées à son enfance, à ce qu’il a vécu au stade archaïque, lorsqu’il était bébé, n’arrive jamais à être suffisamment rassuré pour renoncer à sa volonté de toute-puissance, celui-là y aura difficilement accès. »
Bonne nouvelle cependant : dans la cure analytique, de petits lâcher-prise réguliers peuvent mener à une certaine transformation de la personnalité. « C’est, de séance en séance, la levée chez le patient de certaines résistances, la dissolution d’une trop grande rigidité… Cela grâce à la confiance gagnée peu à peu dans le lien entre analyste et analysant, et qui rejaillit dans le quotidien de ce dernier », poursuit la psychanalyste.
Des petits renoncements actifs, des mini-abandons proposés aussi dans des techniques psychocorporelles et qui aident à construire davantage de confiance en soi pour se préparer aussi aux plus grands lâcher-prise que nous enseigne la vie : l’orgasme, la gestation et la naissance qui nous traversent le corps, le deuil de ceux que nous aimons, notre propre mort… Combien de sauts dans le vide !